mardi 20 septembre 2011

Votez pour Fabienne !


Citoyens, Citoyennes : Dans ce monde où la vitesse et la surconsommation sont remises en cause, où le modèle  basé sur le profit trouve ses limites, je vous propose de réfléchir à la source de nos difficultés : l’école. (l’enseignement)

             Notre système d’éducation n’est-il pas trop soumis à la logique de la compétition ? Celui-ci privilégie quelques-uns au détriment de la majorité ?

Les élèves et les enseignants ne sont-ils pas soumis au format d’apprentissage imposé par ces valeurs de plus en plus contestées?

Enseigner les techniques, accumuler des connaissances se fait aujourd’hui au détriment de nos personnalités : les premiers ne développent pas la capacité d’exprimer leurs opinions et ceux qui sont rejetés par le système ne sont pas écoutés.

Citoyens, Citoyennes, je me présente devant vous avec mieux qu’une promesse : un projet d’une autre éducation qui va bien au-delà de l’instruction !

En voici les grandes lignes : Le temps devrait être mieux réparti pour les jeunes en formation… Les rythmes scolaires devront être revus.

            - Je vous propose de forger notre enseignement sur deux piliers: l’école des savoirs et l’école de la vie !

L’école des savoirs doit permette aux jeunes d’être performants dans leur domaine (sciences, mathématiques, littérature, technologie professionnelle…). Mais ils doivent aussi être responsables et perméables au monde qui les entoure : se connaître soi-même, respecter l’autre et développer une liberté de pensée essentielle pour s’échapper des vieux schémas répétés de génération en génération.

- Lorsque je serai élue, (quand vous m’aurez portée aux responsabilités suprêmes), je m’engage à ne plus former des boulimiques de connaissances, de pouvoir, de supériorité….mais des hommes et des femmes respectueux qui ne mettront pas l’argent (la rentabilité) au-dessus de toutes les autres valeurs……IL est essentiel de déguster la vie quotidienne…La motivation, le goût à l’effort, l’esprit d’initiative, de créativité seront développés.

- Le temps d’apprendre sera respecté !!!

Mon école de la vie donnera une base solide à tous car j’ai bien conscience que l’inégalité commence au plus jeune âge…….Les premières années creusent des fossés sociaux qui ne se comblent parfois jamais.

Citoyens, Citoyennes…..Avec moi, soyez-en sûrs, toutes les capacités seront considérées dans leur diversité et le respect des personnalités des uns et des autres. Ainsi, l’intelligence de chacun sera au service de tous ! Ensemble nous transmettrons le goût d’apprendre et de transmettre !!

Vive l’école de la vie ! …………….Je vous remercie de votre attention.

Fabienne FAUTLEFAIRE

Le choix d'une carrière


Mon instituteur nous avait donné à rédiger à la maison une composition française pour le lendemain : « Quelle carrière choisirez-vous plus tard ? ». Maman n’était pas encore rentrée ; sans enthousiasme, j’ai ouvert le battant du secrétaire, installé une copie double perforée à grands carreaux et écrit mon nom, mon prénom et la classe. 7ème B.
Les journées raccourcissaient déjà. C’était un de ces soirs sombres de rentrée où l’été n’est plus qu’un lointain souvenir sous des rouleaux de nuages gras. Pendant que je faisais mes devoirs à la lumière de la lampe, mon petit frère regardait sur la première chaîne un feuilleton qui n’était pas du tout de son âge.
Moi, je contemplais les hirondelles alignées sur le fil du téléphone en rongeant mon porte-plume. « Quelle carrière choisirez-vous plus tard ? » Plus tard… Plus tard… La semaine prochaine ? Non, des années et des années plus tard, alors que, déjà, les prochaines vacances ne semblaient jamais venir. J’ai posé la tête sur mon bras replié. La page restait blanche et pour moi la carrière n’était qu’un trou dans une montagne.
Quand maman est rentrée, elle a posé sur la table son cabas rempli de légumes (les poireaux dépassaient) puis elle a regardé ma feuille toujours blanche d’un œil inquisiteur.
Cela fait une heure que tu suces ton porte-plume ! m’a-t-elle dit. Tu vas avoir des boutons avec la peinture.
En fait, il n’avait plus de peinture depuis longtemps et le goût du bois que je mordillais avait l’amertume des devoirs difficiles.
Maman a entrepris l’épluchage des pommes de terre. J’entendais les crissements du couteau suivi du plouf de la chute de la patate dans le fait-tout. De la cuisine elle m’a crié :
Il faut t’y mettre ! Réfléchis donc. Il y a bien quelque chose que tu aies envie de faire quand même.
L’hirondelle, ai-je répondu en surveillant le jardin.
Les hirondelles ne sont pas bêtes : elles vont toujours où il fait beau ; du coup elles sont en vacances toute l’année.
Ne dis pas de sottises ! Ce n’est pas un métier.
Dommage… Alors astronaute.
En voilà une idée ! Et il faut être américain !
Cosmonaute ?
Il faut être russe !
J’ai décliné les métiers qui me rapprochaient du ciel. Pilote ? Trop dangereux. Hôtesse ? C’est pour les filles !
Poinçonneur de billets ?
Ah non !
L’espace ne convenait pas à maman qui souhaitait une profession terre-à-terre, socialement honorable, lucrative et avec des responsabilités.
J’ai passé en revue les métiers de tous les adultes de ma connaissance : instituteur ? Non... Le nôtre se plaignait sans cesse de nous. Il lui arrivait de se prendre la tête dans les mains en se lamentant : Quel métier, mais quel métier ! Médecin accoucheur comme le père de mon meilleur copain ? Sans façon. Boucher comme mon oncle Grégoire ? Qui s’essuyait les mains pleines de sang sur son tablier toujours maculé ?
Ma page restait aussi désolée que le désert tartare, aussi vide que l’espace intersidéral.
Ça ne te plairait pas de reprendre l’étude de ton père ?
Huissier de justice ? Je songeais aux dossiers à sangle bourrés de papiers pelure, tapissant les murs, au mitraillage incessant des machines à écrire. Je voyais mon père se lever avant l’aurore pour dresser de curieux constats.
Oui, si je rate mes études, ai-je hasardé pour rester aimable.  
Ne dis jamais ça à ton père.
Elle en avait de bonnes, maman… Elle qui avait choisi de ne pas travailler pour m’élever mon frère, mes sœurs et moi… Si j’avais osé, je lui aurais bien retourné la question. Mais je savais que cela aurait été pris pour de la provocation.
Travailler aux Impôts comme mon parrain ? Qui surveillait les aiguilles de l’horloge murale à longueur de journée et qui disait toujours du mal de son chef ? Pas moyen…
Si ça continuait, j’allais me récolter un zéro souligné de deux traits en colère. Il m’est venu alors une idée qui pouvait peut-être me valoir quelques points. Et j’ai  calligraphié tout en haut de ma feuille :
Plus tard, je choisirai la carrière de la première personne que je verrai contente d’aller travailler.


Gilles

Gaspard n'aime pas l'école



Tu n’aimes pas lire, Gaspard : les livres sont pour toi des objets hostiles et rébarbatifs. Tu en prends un parfois, lourd, tu en feuillettes les pages monotones, ennuyeuses et sans vie. Tu te demandes : qui peuvent-être ces gens qui écrivent ? Des personnages sérieux comme des adultes, sévères comme des professeurs…
Petit, on te faisait la lecture. Tu te souviens de ces images colorées, de ces mondes différents qui s’offraient un instant. Il y avait dans ces livres des petites filles qui te ressemblaient un peu, des petits garçons qui pouvaient devenir tes amis, des animaux fascinants, des mondes attirants…
Mais aujourd’hui, personne ne te fait plus la lecture et tes albums sont dans un carton, vendus peut-être à la prochaine brocante avec leurs secrets.
Jamais. Tu n’avoueras jamais que tu ne sais pas lire : les caractères sont des signes noirs qui s’alignent interminablement et dansent devant tes yeux comme s’ils se moquaient de toi. Alors tu les ignores, tu les détestes et les rejettes comme s’ils t’avaient d’abord rejetée. Parfois ton regard s’attarde un instant sur une photo de magazine, sur un dessin de couverture, tu reconnais une lettre, puis une autre, hésites sur la troisième et t’éloignes enfin.
Tes amis savent lire, tes camarades savent écrire. Madame Colin écrit au tableau et les mains se lèvent. Mais toi tu ne lèves pas la main, l’expression hautaine de celle que cela n’intéresse pas, et tu cherches la reconnaissance des autres autrement, aux gendarmes et aux voleurs, ou parlant du film de dimanche à la télé, ou en disant n’importe quoi. Tu te rebelles par principe, en oubliant pourquoi.
Quand Madame Colin te regarde, les sourcils froncés, tu fais celui qui n’aime pas l’école, pas les maîtres, pas les livres.
Et tu souffres.
Mentir t’épuise. Les messages écrits des magasins, de la télévision, les courriers de la famille, sont autant de mystères. Avec des questions innocentes, tu interroges sans en avoir l’air. Tu deviens habile à résoudre les rébus.

Un jour madame Colin te retient après la classe. L’affaire doit être sérieuse. Bienveillante, elle te demande si tu vas bien. Si tes parents vont bien. Tu viendras à la kermesse. Tu demandes : quel jour, madame et où ? Madame Colin te montre une affiche : tout est marqué là… Tu scrutes le message obscur. Les signes noirs dansent devant tes yeux, les lignes ondulent. En te concentrant, tu lis les lettres l’une après l’autre. S. A. M… Madame Colin hoche la tête. D’accord, dit-elle.
Madame Colin s’assoit. Elle cherche ses mots. Gaspard, j’aimerais que tu prennes quelques cours avec moi, tu veux bien ? Tu nies l’évidence. Pourquoi Madame ? Pour que nous faisions un peu de lecture tous les deux. Choisis un livre.
Tu regardes la bibliothèque, les volumes s’alignent comme une armée hostile de mauvais génies. Tu en choisis un au petit bonheur, la couverture remplie d’animaux hilares qui semblent se moquer de toi.
Madame Colin pose son doigt sur les deux premières lettres. I majuscule, l minuscule. Elles sont identiques, mais ne veulent pas dire la même chose. Il… é.t.a.i.t. était u.n.e. une f.o.i.s.
Il était une fois, des signes qui font des mots, des mots qui font des phrases. Les personnages s’animent parlent et te parlent.
Les phrases font des histoires et les histoires ton enfance…